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BIOGRAPHIE

Quentin Parant né en 1987, puise son inspiration artistique dans les découvertes qu’il fait dans la nature. Il réalise notamment des dessins, sculptures et gravures. Ces créations font apparaître ce qu’il appelle des Bonshommes, des personnages étranges qui ont chacun une apparence singulière.

"Saisi par les paradoxes du sens, Quentin Parant travaille la nuit comme s’il cherchait une dimension alternative à ses expériences, l’obscurité favorisant le surgissement de l’inconnu. Il attend le coucher du soleil pour se mettre à dessiner, allant ainsi à l’encontre d’une société qui enjoint de travailler, de consommer, de se divertir en plein jour, aux heures et jours ouvrables. Il attend la profondeur de la nuit, en l’absence de témoins éveillés, pour se mettre à élucider l’indéchiffrable et créer une réalité différente.

À travers les empreintes de pierres et les dessins des êtres anthropomorphes qu’il déchiffre à leur surface, Quentin Parant pratique le dessin, la gravure ou la sculpture comme autant d’exercices spirituels qui le font accéder à une autre manière de voir, à une autre manière de penser, dans l’acceptation de l’énigme – le regard d’une pierre aveugle – et comme pour désapprendre. Désapprendre pour apprendre autrement. Car pour lui il existe tout un monde, invisible à première vue, qu’il est essentiel de découvrir et de traduire. Des milliers, des millions ou des milliards de petits bonshommes – aussi nombreux que les étoiles du ciel sans fin – arpentent le vaste domaine des pierres à l’apparence inanimée. Images de la vie foisonnante qui traverse l’univers ? Images de l’infime ou images de l’infini ? Parcourant le chemin qui mène de l’un à l’autre et inversement, Quentin Parant déchiffre le langage des pierres tant aumicroscope qu’à la lunette astronomique, et le retranscrit en une multitude de personnages mystérieux – lettres d’un alphabet surnaturel – pour transformer l’inerte du caillou en magie du talisman.

En troupeau ou en pluie, les regardeurs pullulent à la surface et dans le creux des pierres. Sont-ils des animaux, des hommes ? Ces êtres aux ossatures incertaines enflent dans un climat d’anonymat, non pas qu’il leur manque originalité ou personnalité mais bien plutôt parce qu’ils seraient les composants infimes d’une structure commune de la pensée – sorte d’atomes psychiques –, aussi pertinents que les atomes physiquesirréductibles qui composent la substance primitive de tous les corps.

Quentin Parant conjugue l’état de repos des pierres à l’état de mouvement des personnages miniatures qu’il détoure à leur surface, insufflant conscience et ardeur au minéral dont les corps rigides pourraient paraître sans âme. Car une pierre n’est-elle pas le signe visible de la réalité intérieure qu’elle vise ? Et si l’or est si présent dans le travail de Quentin Parant, c’est que celui-ci nous montre le caractère rare et précieux de ce qui advientsecrètement sous ses yeux et sous ses doigts, rompant l’obscurité. Ses regardeurs nous éblouissent par le scintillement de leur matière d’or, flambant à la surface granuleuse ou rugueuse du papier, apparaissant parfois au milieu des vapeurs d’une fumée sombre. Ils projettent aussi leurs ombres en spectres mélancoliquescomme pour nous initier à une danse funèbre qui nous rappelle que nous ne sommes pas immortels, et que la mort – une fois que nous avons su fendre les abysses – n’est que l’image-miroir de notre vie où ténèbres et lumières se tiennent par la main."

Extrait du texte "Fendre les abysses", Kristell Loquet, 2019.